Méditer pour sortir de l'automatisme du mental
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la méditation n’est pas une pratique coupée de notre quotidien. Je crois que nos gestes, nos pensées, nos actions de tous les jours gagnent à prendre une dimension méditative. Nous avons tous des automatismes et c’est normal, nous sommes humains. Lorsqu’on veut changer une habitude, on pense souvent que la volonté suffit. Au bout de quelques jours ou semaines d’efforts, on peut vite être découragé quand on s’aperçoit que les résultats ne sont pas là. On se juge mal, on se maltraite mentalement, on culpabilise. En vérité, la volonté ne peut suffire car elle ne peut mobiliser que ce dont nous avons conscience, ce que nous pouvons contrôler en nous et à l’extérieur de nous. Et vous en conviendrez, nous contrôlons bien peu de choses en réalité.
Alors quoi ? Sommes-nous voués à stagner, à s’engluer dans nos travers ? On pourrait le croire, mais quiconque a déjà pratiqué la méditation (avec des « guides » compétents), sait qu’il existe une autre voie, qui n’a pas la côte dans nos sociétés « modernes » : l’observation et la non-réaction. C’est-à-dire que, dans un premier temps, si l’on veut changer, on ne va rien faire. Simplement observer quand une habitude d’agir ou de penser survient : d’abord il s’agit de « saisir » (prendre conscience de) ce moment où une mauvaise habitude apparaît (une fois qu’on en est conscient et décidé à s’en débarrasser). Et c’est tout ce qu’on va faire : on constate que cette habitude dont on voudrait se défaire est là.
Exemple personnel : je souhaite réduire mon temps d’utilisation des réseaux sociaux car j’ai bien remarqué que, plus je passe de temps dessus, moins je me sens bien, sans compter l’impression de « rater » ce qui se passe dans le monde réel. Une fois cette décision prise, le plus difficile à faire est effectivement de prendre conscience de l’habitude quand elle apparaît : « ah tiens, je suis encore sur FB alors que j’avais dit que je n’y passerais que quelques minutes ». Si ça vous aide au début, imaginez une petite ampoule au-dessus de votre tête, ou un eurêka mental ! Même si c’est tentant (et souvent automatique), il est préférable d’éviter tout jugement sur soi (cela dit, s'il survient, il sera mangé à la même sauce : « tiens, un jugement »). Cette première étape est cruciale car elle permet d’arrêter la machine : elle rompt le processus inconscient de la mauvaise habitude et l’amène à la conscience.

Crédit photo : G. Gauthier
Lorsque cette pratique de conscience réflexive vous est devenue familière, vous êtes prêt à aller un peu plus loin. Personnellement, (en reprenant l’exemple du haut), je me pose cette question : est-ce que ce que je suis en train de regarder sur les réseaux sociaux me procure de la joie, m’apprend quelque chose de vraiment intéressant, me rend fière de moi ? Est-ce que - le plus objectivement possible - cela vaut la peine d’y consacrer autant de temps au détriment d’autres activités ? (Ou non-activités - oui, la sieste, ça compte !) Pour le pratiquer depuis quelques mois, je peux vous dire que plus de 90 % du temps, la réponse à ces questions est : NON. Ce qui m'aide à ce moment-là, c'est de prendre quelques secondes de pause mentale avant de faire mon choix (rester sur les réseaux ou faire autre chose). Je respire et je réfléchis à ce que je préférerais faire.
Il existe une raison biologique à ce comportement compulsif : les hormones*. Lorsque nous faisons quelque chose qui nous plaît (manger des sucreries, faire une activité physique, regarder une vidéo de chat sur les réseaux…), notre cerveau produit de la dopamine, ce qui provoque un sentiment de satisfaction momentanée. Nous allons donc passer du temps sur une activité qui nous plaît, car nous cherchons à ressentir cette sensation de plaisir facilement (système de récompense du cerveau).
L'exercice de prise de conscience dont je parle ici est inspiré de la méditation. Car méditer ne consiste pas à faire le vide en soi, mais d'observer ce qui se passe dans notre corps et notre esprit sans jugement, sans laisser le mental commenter tout ce qui se passe. Appliquée dans le quotidien, je trouve cette pratique assez puissante, mais elle nécessite de la patience et d’arrêter de vouloir faire. Ce qui est très difficile pour moi.
Je partage avec vous ces pratiques car elles m'aident vraiment au quotidien. À l'heure où je vous écris, je vis une période de régression : je pratique, mais j'obtiens peu de résultats. C'est difficile, mais ce n'est pas grave car cela m'apprend la patience et l'acceptation de ce que je suis. Un long chemin ! Ce que je veux dire c'est : c'est normal si ça ne marche pas à tous les coups. Ce n'est pas grave de régresser. Le plus important est de le porter à la conscience et d'éviter l'auto-flagellation : inutile d’ajouter du mal-être au mal-être.
Personnellement, je persiste dans cette pratique car je sais qu'elle sera bénéfique sur le long terme. Aucune formule magique n'existe. À chacun·e de trouver la pratique avec laquelle elle/il se sent à l'aise et qui l'aide concrètement. La compassion et l'amour pour soi sont les clés pour déverrouiller nos blocages et commencer à soigner nos blessures.
Seul mot d'ordre : soyez doux·ce avec vous-mêmes !
Crédit photo de couverture : image libre de droits - Pixabay
* En savoir plus sur les hormones et les neurotransmetteurs : https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2023/08/comment-vivre-heureux-grace-a-nos-hormones.
Méditation : un outil puissant de prise de conscience