Dans ce brouillard qu’est ma vie actuellement, j’avance à tâtons, comme une aveugle qui ne l’a pas toujours été, les bras tendus devant moi, dans une tentative de mieux appréhender mon environnement à la fois familier et obscur. Mais bien souvent, je ne fais que trébucher sur ce qui croise mon chemin, ou survoler les belles choses qui arrivent. Cependant, parfois, un petit miracle se produit.
Je suis là. Bien présente, dans cette nature pourtant inconnue car c’est la première fois que j’y mets les pieds, mais pourtant si réconfortante. Le silence. J’écoute le silence, et sa musique insaisissable me berce je pourrais dire presque avec tendresse. Le son des insectes, le bruissement des feuilles dans le vent, la beauté de l’eau qui jaillit des cascades et des ruisseaux, l’éclat des étoiles et de la Voie Lactée, l’odeur moite de l’été et des cultures et le tipi en bois dans lequel nous dormons, tout me ravit et (r)éveille mon âme. Dans ces moments‑là, c’est comme si j’avais magiquement recouvré la vue, comme si le voile de ma tristesse tombait. Je vis. Pleinement, simplement, purement, entièrement, sans retenue, sans honte de qui je suis. Je vis sans me sentir agressée par tout ce qui entre en interaction avec moi.

Dans ces moments-là, JE SUIS. Je suis celle qui aime marcher pieds nus dans les cascades et les rivières, méditer devant un beau paysage, toucher le bois des arbres, éprouver la rugosité des pierres. Celle qui dit des mots d’amour et accueille ceux qu’elle reçoit, celle qui aime les rencontres et n’a pas peur d’interagir avec les gens. Celle qui se met à chanter spontanément, à écrire subitement parce que l’inspiration est là, et pas à un autre moment, et que je sens dans mes doigts ce fourmillement de plus en plus familier quand je sais que je dois transcrire ma pensée qui n’est alors plus tant rationnelle qu’intuitive.
Oui, dans ces moments-là, je suis là. Et même si ces moments restent aujourd’hui exceptionnels par rapport à ceux où la tristesse gagne, je veux les épingler à ma vie, les ancrer dans mon cœur, pour remettre de la beauté à l’intérieur.
Je suis là