Je n'ai pas le temps d'écrire

Le temps : la clé de la créativité et du bien-être mental
10 novembre 2023 par
Le blog du Moineau, Marie
| Aucun commentaire pour l'instant

Début septembre 2023.​

​Ça faisait quelques temps, plusieurs semaines même, que je n’avais pas écrit d’article. En ce moment, je n’ai pas le temps d’écrire, ou plutôt pas la disponibilité d’esprit. J’ai la tête remplie de mille et une choses à penser, à faire en cette rentrée 2023 : mon nouveau travail, me renseigner sur des formations qui m’intéressent pour éventuellement reprendre une activité indépendante… Je continue les cours de chant, mais est-ce que je continue la méditation ou j’essaye la biodanza ? Combien de fois par semaine je vais m’occuper de mon cheval ? J’ai envie de continuer le bénévolat à la bibliothèque de mon village (j’ai d’ailleurs rédigé un article pour les portes ouvertes ; pour le lire, c’est ici), mais est-ce que j’en aurai le temps ?

Le temps, le temps, le temps !

​En ce moment, j’ai l’impression de n’avoir le temps de rien et je déteste ça. Si j’ai été aussi prolifique en articles le mois dernier (promis, vous en verrez bientôt la couleur !), c’est sans doute parce que beaucoup de choses étaient en pause pendant l’été et que mon esprit n’était pas encombré par tous ces nouveaux projets et décisions à prendre. J’ai toujours peur de plus avoir d’inspiration pour mes articles, de ne plus avoir cette petite flamme qui se manifeste au gré d’une conversation, d’un événement même (ou surtout) banal et qui me donne une idée, qui me fait écrire presque intuitivement sans avoir vraiment besoin d’organiser le fil de ma pensée : il se déroule tout seul, au fur et à mesure que j’écris. Bien sûr, il y a toujours plusieurs relectures, une amélioration, un « peaufinement » de mes articles – je suis légèrement perfectionniste (c’est là le moindre de mes défauts).

​L’autre soir pourtant, avant mon cours d’essai à la biodanza, j’ai eu une dizaine de minutes de RIEN : je suis arrivée en avance et j’ai donc décidé d’aller m’asseoir sur un banc dans le parc de la Gare d’eau où s’écoule le Doubs. Ces minutes ont été un vrai bonheur : il faisait beau mais pas chaud, il y avait quelques personnes mais pas trop. J’admirais la rivière quand mon regard est tombé sur un grand oiseau (un héron ?) qui s’est mis à marcher dans l’eau avec une lenteur qui m’a fascinée. Dans l’actuelle frénésie à la fois physique et mentale où je me trouve, ça a été un véritable cadeau pour moi d’observer cet oiseau. Il se déplaçait à un rythme qui est très peu familier aux êtres humains : il semblait avoir un objectif précis et en même temps, il ne se précipitait pas et faisait même des pauses. Il avait l’air décidé mais calme. Il avait tout son temps et l’utilisait d’une manière qui m’a parue incroyable.

​Le lendemain matin, je ne travaillais pas et j’ai décidé de repousser ma visite à mon poilu à quatre pattes au week-end car j’étais fatiguée et je n’avais pas envie de sortir avant d’aller travailler l’après-midi. J’ai pris mon temps pour sortir du lit et prendre mon petit déjeuner. J’ai réservé les billets de train pour aller voir des amis dans le sud cet automne. Mais à part ça, je n’ai rien fait. Je sentais alors mes pensées comme se dilater, s’apaiser, « faire de la place »… et je me suis mise à écrire cet article. Être seule et ne rien faire de particulier : aussi paradoxal que cela puisse paraître, j’ai remarqué que ces conditions me permettaient comme « d’ouvrir un espace » en moi où la magie des mots peut opérer. Cela s’est vérifié encore cette fois-ci.

Alors, depuis quelques temps, je fais plus attention à ne pas démultiplier les activités, rendez-vous, événements, sorties etc. Car même si j’ai envie de faire beaucoup de choses, j’ai remarqué que m’engager dans trop d’activités alourdit mon quotidien et ne me permet pas de me dégager ces temps de RIEN qui me sont devenus si précieux. Pire, cela crée un mal-être et fait remonter la tristesse en moi. Alors oui, j’aimerais pouvoir faire à la fois des cours de chant, des séances de méditation, de biodanza, monter à cheval, jouer du piano, faire des randonnées à pied ou en vélo, écouter des podcasts, assister à des conférences ou des webinaires mais en fait, il y a plus important comme façon d’utiliser « mon temps ». Il y a le temps nécessaire à ma créativité et à mon bien-être mental (j’ai besoin de beaucoup de calme et de solitude choisie pour être bien avec les autres), mais je veux aussi avoir du temps pour mon amoureux, notre vie à deux, notre amour tout simplement et je ne veux pas avoir à calculer ce temps, à le faire rentrer dans un créneau horaire de mon agenda. Je veux avoir du temps pour mes proches et ma famille - la distance géographique exacerbant ce besoin.

​Tous ces temps sont incompressibles pour moi. Et c’est à partir de ces temps-là que je peux construire les autres, et pas l’inverse. Je comprends peu à peu que ma nature est proche de celle de cet oiseau que j’ai observé : prendre le temps calmement de faire les choses et aller à l’essentiel. Et pour moi, l’essentiel, c’est passer du temps avec les gens que j’aime et exprimer ma créativité.

​Il arrive souvent que je « sente » que je suis arrivée à la fin d’un article (ou d’une séance de chant) : mon ventre se relâche, ma respiration se calme, mon cerveau ralentit. Une nouvelle énergie émerge et je peux faire d’autres choses en me sentant bien avec moi-même et avec les autres.


Le blog du Moineau, Marie 10 novembre 2023
Partager cet article
Archiver
Se connecter pour laisser un commentaire.