Ça tient à pas grand-chose. C’est souvent fait de moments a priori « banals ».
Instants de rien, instants de grâce.
Un déjeuner, un rendez-vous avec quelqu’un qui compte pour nous, pour qui on compte.
Ça ne veut pas dire qu’on est les meilleures amies du monde. Ça ne veut même pas dire que ça se reproduira. Mais, il n’empêche, ce moment, il est là.
Il y a des sourires, des paroles sensées et attentionnées, des échanges sur ce qui nous tient à cœur, dans notre vie, dans notre travail.
Qui on est et comment on veut vivre notre vie ?
J’aime parler avec quelqu’un comme ça, qui a le don de souffler sur le feu que les gens portent en eux, sans même vraiment s’en rendre compte.
Car ce ne sont pas seulement les mots que tu utilises ou l’intonation que tu leur donnes, c’est comment tu es présente dans ce moment pour l’autre.
Et ce jour-là, l’autre, c’était moi. Alors, un immense MERCI à toi.

Une soirée décidée tardivement chez une nouvelle connaissance. Miraculeusement, on trouve le temps de se voir, alors qu’on n’a pas le même emploi du temps. On a échangé des SMS en se disant que ce serait sympa de se revoir. Et on l’a effectivement fait.
Instants de rien, instants de grâce.
Combien de fois, avec combien d’autres personnes, ai-je eu ces échanges qui n’ont finalement abouti à aucun rendez-vous ? Au final, ce n’est pas mentir que de dire « ce serait sympa de se revoir » mais ne pas le faire. C’est juste comme ça. Ce n’est peut-être pas le moment pour nous et peut-être que ça ne le sera jamais. On ne peut jamais savoir ce qu’il y a dans la vie des gens, et encore moins ce qu’il y a dans leur tête et dans leur cœur.
J’ai arrêté de me fâcher quand les autres ne répondaient pas à mes invitations ou quand ils répondaient mais qu’ils ne proposaient jamais rien, que c’était toujours à moi de relancer. Si la personne ne souhaite pas s’investir plus que ça dans la relation, alors j’arrête aussi de m’y investir, j’arrête de la solliciter sans cesse. J’essaye de ne plus en faire une affaire personnelle et de laisser la relation évoluer naturellement : je n’en suis responsable que de moitié, jamais totalement. C’est rarement facile mais en même temps, c’est un soulagement, un relâchement, un « laisser‑être » salvateur. Mais, ça me rend encore triste quand la relation s’éteint aussi vite qu’elle s’est allumée. Le genre de tristesse qui colle à la peau, qui va gratter les cicatrices des blessures d’abandon, de la solitude dans la cour de récréation et d’histoires d’amour en perdition.
Mais cette soirée-là, dans ce petit jardin, à discuter de tout et de rien, ça a créé une chaleur dans mon cœur. Je me suis sentie reconnue comme une personne digne d’intérêt désintéressé. Comme une amie, en somme. Peut-être pas au sens le plus noble du terme, mais au sens où je n’ai pas besoin d’être autrement que comme je suis pour être là. On ne va pas me demander de me justifier, de parler de telle ou telle chose si je n’en ai pas envie. Il y a un équilibre entre nous, on est tacitement d’accord pour passer une bonne soirée en compagnie de l’autre et sa présence suffit à apporter de la douceur à cet instant de nos vies. En se quittant, on s’est dit que ce serait sympa de se revoir pour une soirée jeux. On ne l’a pas encore fait. Mais rien ne presse, n’est-ce pas ?
Pourquoi la solidité d’une relation devrait se mesurer au temps qu’on passe ensemble ? J’ai des amitiés qui ont connu de nombreuses déroutes et impasses. Or, quand on est dans une impasse, on a toujours la possibilité de revenir sur ses pas pour trouver un meilleur chemin. Ça demande un effort et ça prend du temps. Et bien soit, je le prends. Et là, « miracle » : quand je redémarre une amitié en m’ayant donné le temps qu’il me fallait pour pardonner à l’autre ce que je lui reprochais, cette amitié prend une nouvelle couleur, les échanges ont à la fois un goût familier et délicieusement inconnu et la complicité ravivée nous emmène vers de nouvelles aventures.
Plus
qu’on ne le croit, le temps qui passe œuvre silencieusement en notre faveur. Et
transforme des instants de rien en instants de grâce.
Instants de rien, instants de grâce