Le temps passe affreusement vite. On est déjà en 2024. Le mois de mars approche à grands pas. Je vais avoir 35 ans. Il y a 15 ans, j’avais 20 ans et dans 15 ans, j’en aurai 50. Je ne me remets pas de ce grand écart. Je savais que j’allais vieillir comme tout le monde, mais à 20 ans, ça me paraissait si... flou.
Et aujourd'hui, c'est bien ma réalité, une réalité qui me demande de plus en plus d'avoir confiance en moi et en la vie malgré les difficultés qui semblent s'accumuler.

Il y a quelques mois, j’ai lu un livre d’Alexandre Jollien, « Petit traité de l’abandon », où il dit notamment ceci sur la confiance : ne pas attendre d’avoir confiance en la vie pour poser des actes de confiance au quotidien, mais poser des actes de confiance au quotidien pour développer la confiance en soi et dans la vie. Ca m’aide parce que concrètement, dans ma tête, j’arrive à le faire. Je vais à la gare, je dois trouver une place sur le parking gratuit qui est souvent plein pour garer ma voiture et pouvoir prendre mon train. Ma pensée réflexe est : « « « Mon Dieu, je ne vais pas trouver de place, comme d’habitude, c’est la galère, je vais louper mon train… » qui ne fait que décupler mon angoisse, bien évidemment. Mais, j’arrive ensuite dans ma tête à formuler ceci : “allez, je vais trouver une place ou en tout cas, une solution si effectivement il n’y a pas de place à l’endroit où je me gare habituellement”. Cette pensée alternative ne m’offre pas une place de parking à tous les coups. Mais elle me force à un peu plus d’optimisme, un peu plus de confiance dans le fait que les choses ne se passent pas forcément mal. Tout n’est pas rose, mais non, tout n’est pas gris. Et effectivement, si je prends l’habitude dans mon quotidien pour des choses basiques, d'insuffler un peu de confiance là où le stress et mes angoisses l’emportent souvent, alors peut-être qu’il me sera plus facile progressivement d’avoir confiance dans les plus grandes choses. C’est comme mon travail : il ne correspond pas vraiment à mes attentes. Mais, il n’y a évidemment pas que des mauvaises surprises. Il y a une ambiance de travail agréable. Des collègues sympas. Un beau cadre de travail. Un salaire qui me permet de payer mes charges. À un moment donné, je regarderai cette période de ma vie (pas seulement le travail) en me disant : « c’était le bon temps ».
C'est le plus gros défi que je me lance désormais, me dire : « aujourd’hui, c’est le bon temps ». Le bon temps pour juste vivre (sans aucune attente de faire ou accomplir plein de trucs), arrêter de courir (après quoi ? Je ne sais toujours pas). Le bon temps pour profiter de tout ce j’ai déjà construit jusqu’ici. Le bon temps pour faire ce que j’aime. Le bon temps pour voir les gens que j’aime. Le bon temps pour travailler dans cette structure. Aujourd’hui, c’est le bon temps : j’espère que cette petite phrase « popera » dans ma tête quand je me prendrai trop la tête justement avec mes problèmes. Quand ce que j’ai me semblera fade. Quand j’aurai l’impression (parce que je sais que ça arrivera souvent) qu’à tel ou tel âge, « je n’ai pas assez accompli dans ma vie, je n’en suis pas là où je devrais en être » et blablabla...

Aujourd’hui, c’est les souvenirs de demain. Aujourd’hui, c’est le demain des espérances, des rêves, des projets, des efforts, du travail, de tout ce qu’on a porté et mis en œuvre dans le passé pour en arriver là où on en est aujourd’hui. Alors aujourd’hui, c’est sacré. Qu’est-ce qu’on a, à part aujourd’hui ? Rien de rien. Nous ne sommes que d’humbles passagers dans cette vie. Elle nous est simplement prêtée. Il faudra la rendre à un moment donné. Tout comme la présence des personnes qu’on aime le plus. À un moment donné, notre temps ensemble sera passé, le sablier aura fini de couler. On le sait. Mais on l’ignore. La réalité est que, quand on est avec nos proches, nous sommes souvent dans la projection de futurs moments passés ensemble, ou en attente qu'ils/elles fassent/disent telle ou telle chose afin d'accroître notre propre bonheur. On vit comme si vivre était acquis pour toujours. À l'inverse, dans les mauvais moments, surtout quand ils durent longtemps, on a l’impression que c’est interminable, qu’on ne s’en sortira jamais. On se demande ce qu’on fout là. Et plus rien n’a de sens. Avoir épuisé la quête du sens, avoir cherché en vain ce qu’on sait déjà, au fond de nous, mais qu’il nous faut réapprendre, conscientiser, se prendre le réel de plein fouet pour vraiment comprendre : la vie n’a pas de sens. Pour moi, la seule chose qui en ait, c’est essayer de faire de son mieux un peu chaque jour, pour soi et avec/pour les autres. Le reste n’est que tourment de l’âme.
Mais on est humain, une partie de nous EST tourmentée. Personne ne traverse la vie sans AUCUN tourment. Les gens qui se plaignent que leur année ne se passe pas sans encombre me sidèrent. Se plaindre n’est pas un problème. Mais faut-il être à ce point naïf pour penser que l’on sera totalement épargné par les problèmes ? Sur 365 jours ?? Cela dit, on ne peut nier que plus on avance dans la vie, plus les événements difficiles semblent s’accumuler. Les éventuels problèmes de santé. La mort de nos proches. La dépendance. La solitude. J’espère arriver à faire la paix avec ce temps qui passe et regarder ma vie en me disant : « ah ! Aujourd’hui, c’est le bon temps ! »
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Aujourd'hui, c'est le bon temps