Lettre à mon Lou

20 mars 2024 par
Le blog du Moineau, Marie
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Je l’avoue mon lou, j’ai été souvent découragée ces derniers mois (ou cette dernière année)…

Découragée par ton comportement changeant, tes sautes d’humeur, toi qui étais un crème en (presque) toute circonstance. Même des choses aussi simples que donner les pieds devenaient de plus en plus compliquées. Toi qui étais ma bouée de sauvetage dans les moments difficiles, un roc fidèle et solide sur lequel m’appuyer quand la vie me faisait fléchir… Toi qui m’apaisais énormément dans les moments de doute, d’angoisse, d’incertitudes. J’enfouissais mon visage dans les poils de ton encolure, je sentais ton odeur puissante d’animal, de nature, de terre, de foin… C’était mon anxiolytique. Naturel, sans effet indésirable…

Et puis j’ai déménagé. Et puis, je t’ai déménagé. Mais ce premier endroit ne convenait pas. Tu es passé des monts du Haut-Beaujolais à la 4 voies de Besançon. Mon pauvre lou. Tu étais nourri, surveillé. Mais l’environnement n’était pas le bon. Trop bruyant, limite malfamé. Je te sentais stressé, j’étais toujours inquiète. Je t’ai donc encore changé, et cette fois, c’est mieux. Tu es plus au calme. Tu as des copains de pré sympas. Tu es surveillé. Mais le mal est fait et il est devenu difficile de te séparer de tes copains, de te curer ou parer les pieds, de te demander la moindre chose...

J’ai beaucoup pleuré. J’étais tellement découragée. Je ne te reconnaissais plus. Surtout, je me sentais très seule. Là où j’habitais avant, j’avais des « personnes référentes », avec plus d’expérience que moi, à qui je pouvais faire appel en cas de problème. Plus d’une fois, elles l’ont fait, je ne les remercierai jamais assez pour ça. Ici, je dois tout gérer seule. Je ne peux compter (presque) que sur moi. C’est très dur de ne pas avoir de relève, d’avoir l’impression de tout mal faire, de ne pas avoir de « pairs » avec qui échanger, même sur des choses triviales.

Dans cette nouvelle pension, on est un peu moins seuls. Je peux discuter avec le gérant, il connaît des professionnels, propose des solutions, m’aide comme il le peut. Et puis dans cette pension, j’ai rencontré une super ostéo pour toi et grâce à elle, j’ai trouvé une éthologue qui m’aide depuis le début d’année à « reprendre les rênes » avec toi. J’ai enfin l’impression de sortir la tête de l’eau et de voir des changements positifs et durables dans ton comportement. Je croise les doigts.

« S’occuper d’un cheval, c’est pratiquer sa foi », cette citation est de Jérôme Garcin, je crois. Ces derniers mois, j’ai pleinement pris la mesure de cette phrase, je l’ai vécue dans ma chair. Car ma foi en toi, elle a dangereusement vacillé. Et c’était terrifiant pour moi. Dans les pires moments, quand tu devenais ingérable voire dangereux, que je ne savais plus comment faire avec toi, je l’avoue, oui, j’ai été découragée au point de vouloir te vendre. Suis-je un monstre ? J’avais très peur de ne plus du tout pouvoir m’occuper de toi. De devenir maltraitante. J’avais l’impression d’essayer beaucoup de choses qui ne donnaient rien. Je n’avais plus aucun plaisir à m’occuper de toi, pire, j’angoissais à l’idée d’aller m’occuper de toi. Je revenais souvent du pré dans un état de grande détresse. Ce qui avait été un repère stable pendant 10 ans s’effondrait et je me sentais impuissante. L’éthologue, c’était mon dernier recours.

Cette mauvaise passe entre toi et moi m’a fait réaliser que je compte beaucoup trop sur l’avis des autres quand je dois prendre une décision importante ou quand je rencontre un problème. J’ai peu de confiance en mon propre jugement, mes propres connaissances. J’ai peur de prendre des décisions, de dire vraiment ce que je pense, de demander ce dont j’ai besoin, par crainte d’être moquée. Je suis contente d’avoir compris ça, d’avoir pu le saisir, le conscientiser pour commencer à m’en défaire et assumer mes choix en tant qu’adulte. Je suis contente d’avoir demandé de l’aide, d’avoir écouté mon intuition. Celle qui me disait que, effectivement, beaucoup de connaissances sont disponibles gratuitement sur Internet mais dans certains cas, rien ne remplace la présence physique. Pendant cette première séance d’éthologie, j’ai vraiment pu sentir et voir comment agir avec toi pour changer les choses. Ce n’est pas simple, ce n’est pas comme additionner 2+2 qui fera toujours 4. C’est quelque chose que j’ai dû voir sans écran interposé et ressentir en étant guidée pour le comprendre et pouvoir me l'approprier.

Tous les deux, on commence tout juste à marcher sur ce nouveau chemin. On verra où il nous mènera. J’espère qu’on cheminera encore longtemps côte à côte !

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J'ai écrit cet article suite à la découverte d'animaux honteusement abandonnés dans une ferme près de chez moi (Doubs). L'association qui a pris en charge les animaux survivants s'appelle Association Canima (https://www.facebook.com/associationcanima) et ils ont ouvert une cagnotte en ligne pour participer au financement des soins qui seront conséquents et longs. Voici le lien de la cagnotte : https://www.helloasso.com/associations/association-canima/collectes/pour-les-soins-aux-anciens-poneys-de-micaud?fbclid=IwAR1GXeEXu4Z67agLxRFTFCa-z-ApBiW54bipnPFBEPUXRqyKWd6Gwzjrq3I

Le blog du Moineau, Marie 20 mars 2024
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